Saint Nicolas de bourgueil

Après une courte introduction, voici le premier article d’une série qui seront consacrés aux appellations Bourgueil et Saint Nicolas de Bourgueil. Cette série résulte des travaux d’investigation menés par notre équipe de choc, qui n’a pas hésité à travailler… comme de jour… pour vous rapporter des informations chaudes et fraîches.

Bourgueil ou Saint Nicolas

Bon, on ne va quand-même pas vous faire un cours sur les bases de ces appellations contigues, utilisant les mêmes cépages et situées sur les mêmes deux types de sols (« argilo-calcaires », surtout calcaires, appelés localement « tuffeaux », et sables et graviers). D’accord, la proportion de graves est plus importante à St. Nicolas qu’à Bourgueil, et l’aire de Saint Nicolas ne couvre qu’une seule commune, tandis que Bourgueil en recense sept. Et après? Le climat est identique et les vins sont en tous points comparables, même chez les caviste en ligne de vente de vin de Loire comme ici.  De plus, plusieurs vignerons ont des parcelles des deux côtés d’une « frontière » plus théorique et politique que réelle. L’aire de Bourgueil, avec ses 1300 hectares, est de 30% plus grande que celle de St. Nicolas. Les deux peuvent produire vins rouges et rosés, uniquement.

Pour des raisons de politique locale, nos dégustations des vins des deux appellations se sont tenues séparément. Je le regrette, car il aurait été intéressant de comparer les vins des deux plus directement, en séparant bien entendu les vins issus de zones de graves de ceux provenant du coteau calcaire. Sur ce dernier point,  soulignons que le Syndicat de Bourgueil nous a effectivement proposé des séries distinctes selon le type de sol, tandis que Saint Nicolas a tout mélangé, rendant l’exercice plus sportif et, peut-être, moins juste pour certains vins plus légers servis après un vin plus tannique. Cela dit, nous avons trouvé du bon et du moins bon des deux côtés, comme souvent.

Une conclusion au sujet des styles fait nécessairement référence à ces deux types de sol.

Les vins issus de sols de graves sont plus souples, délicats et fruités dans leur jeunesse. Ces vins sont donc vendus plus jeunes, et dès leur première année.

Les vins issus de sols plus calcaires, généralement situés en coteau, doivent se garder un an ou deux de plus avant leur mise en vente, car leur structure tannique est plus conséquente.

Tout cela est surtout une histoire d’eau et de stress hydrique variable à des moments clefs de la maturation du fruit. De surcroit, ces vins, du fait de leur plus grande dureté, ont besoin d’un élevage plus long qui, généralement, fait appel à de la barrique ou au foudre, en totalité ou en partie. Cela a tendance à renforcer leur profondeur et  leur complexité. Mais, bien entendu, le vigneron/vinificateur rajoute une autre couche de variables à ce schéma en apparence simple. Et je ne vous parle même pas des assemblages entre parcelles sur les deux types de sols !

Alors quels sont les bons vins dans ces deux appellations, et faut-il préférer un style plutôt qu’un autre ?

A la deuxième question, je répondrais que cela dépend surtout de l’occasion (et du plat), mais aussi, un peu, de votre bourse. Les cuvées issues de graviers se vendent entre 5 et 10 euros la bouteille, pour la très grande majorité, à part ceux de quelques vignerons « vedettes » dont le vins, je dois dire, ne sont pas tous sortis parmi mes préférés (j’y reviendrai). Les cuvées de sols calcaires peuvent, parfois, grimper un peu au delà, avec une fourchette plus large qui va de 5 à 15, sauf pour les producteurs vedettes.

A la première question, je répondrai en prenant les choses dans l’ordre, et par appellation, en vous parlant de mes préférences personnelles. Nous avons dégusté tous les 5 ensemble, et à l’aveugle. A la fin de chaque séance,  j’ai essayé de voir quelles étaient les convergences (ou les préférences collectives, si vous préférez). Et il y en avait, bien que chacun avait ses propres goûts, comme toujours.

Bourgueil rosé 

Cela existe, mais cela ne m’a pas emballé outre-mesure cette fois-ci. Bon, c’est un peu sévère, je vous l’accorde. J’ai trouvé plus de rosés à mon goût  dans l’appellation St. Nicolas, le lendemain. Mais c’était un autre jour. Mon préféré à Bourgueil était celui de La Chanteleuserie (Thierry Boucard), ce qui était un des moins chers de notre série de 21 rosés de Bourgueil. J’ai aussi assez aimé le rosé du Domaine du Carroi et celui de la Cave des Vins de Bourgueil. Je ne dois pas être un bon client pour des rosés huppés !

Bourgeuil  (sols de graviers)

Dans une série de 28 échantillons, mes 2 vins préférés étaient : Lamé Delisle Boucard. J’ai aimé sa belle matière, assez « sérieuse » pour un vin de cette catégorie, et sa longueur comme son équilibre.

Domaine de la Chevalerie, qui a produit un vin relativement intense et puissant de ses graviers. Les saveurs sont bien présents et les tannins souples.

J’ai aussi bien aimé des cuvées du Domaine de la Noiraie , du Domaine du Petit Bondieu, du Domaine des Geslets, cuvée Les Geslets et de la Cave des Vins de Bourgueil, cuvée Marie Dupin .

Cela m’a convaincu qu’on peut se faire plaisir dans cette appellation pour pas cher. Bravo les producteurs!

Bourgueil (sols calcaires) 

Une série de 14 vins dont j’ai préféré ceux de : Bruno Dufeu, cuvée Grand Mont, du Domaine de la Butte, cuvée Perrières et de Régis Mureau, Domaine de la Gaucherie . J’ai aussi bien aimé des vins de Joël Taluau et Thierry Foltzenlogel et de David Drussé, cuvée Leroy de Restigné.

Mes deux préférés de cette série étaient :

  • Domaine des Ouches, Coteau des Ouches
  • Domaine du Petit Bondieu, Cuvée des Couplets

Les absents ont-ils toujours tort ? 

Certains s’étonneront de l’absence de cette liste de quelques noms bien connus à Bourgueil. En tout cas je suis toujours heureux quand je peux découvrir les vins de domaines sont j’ignorais l’existence auparavant. C’est bien un des avantages énormes de la dégustation à l’aveugle. Elle vous empêche de déguster en rond.

S’en est suivie une dégustation avec stef, qui est toujours une expérience extraordinaire, un peu de repos bien mérité, puis une soirée inoubliable qui a duré bien tard sans que nous nous en apercevions, et qui nous a permis de remonter plus d’un siècle de vins, rendant le temps totalement élastique : séance qui s’est tenue dans les belles caves profondes et humides. J’espère qu’un de mes collègues vous en parlera. En tout cas, en ce qui me concerne, la prochaine fois que quelqu’un s’avise de me dire « les vins de Loire, cela ne se garde pas« , je lui mets un pain ! Les 1906 et 1893 de ce domaine sont extraordinaires et bien vivants.

St. Nicolas de Bourgueil Vins dégustés à l’aveugle

Vins rosés  de St. Nicolas

Parmi une courte série de rosés, j’ai bien aimé celui du Domaine des Valettes. Je connais ce domaine, mais Jim a piqué les seuls exemplaires des fiches et donc j’ignore tous les prix pour les vins de cette appellation !

Vins rouges de Saint Nicolas 

Vu leur jeune âge, on peut supposer qu’il s’agissait de cuvées issues de sols de graviers. Mes vins préférés de cette séries venaient des deux domaines suivants :

  • Gérald Vallée, Domaine de la Coutellerie
  • Domaine de la Chopinière du Roy
  • Vins rouges de St. Nicolas

Les styles ont beaucoup varié dans cette série, allant de la très intense et ambitieuse cuvée Eclipse de Frédéric Mabileau, encore sous l’influence de son bois, mais très prometteuse, à des cuvées bien plus légères. Pour l’instant, j’ai préféré la cuvée Couture du même producteur, très juteuse avec plein de fruit et une très belle matière croquante. La Chopinière du Roy, avec sa cuvée Coquelicot, m’a encore bien plu, comme les Perruches de Gérald Vallée. J’avais acheté des vins de ce dernier producteur, au moins d’octobre dernier, et j’en suis très satisfait. D’autres jolies cuvées des domaines suivantes : La Chevallerie, de Gaëtan Bruneau (à ne pas confondre avecle Vignoble de la Chevallerie, un domaine voisin, ni avec celui de la Chevalerie, à Bourgueil), la Cuvée du Clos d’Yvan et Ghislaine Bruneau, Les Graviers, de L. Mabileau, et Les Malgagnes, de L&M Cognard. J’ai donné ma meilleur note à la cuvée Dionys du Domaine du Mortier. Beaucoup d’autres vins dans cette série, comme une cuvée de Taluau/Foltzenlogel m’ont plu, mais que c’est compliqué avec tous ses noms identiques : on se croirait en Bourgogne ou il est aussi essentiel de faire attention eu prénom qu’au nom !

Nous avons terminé, après d’autres péripéties que mes collègues vous raconteront, par un concours de chemises dans lequel notre champion, sef , a mis en jeu son titre contre un combattant féroce.

Faut-il une conclusion pour les vins de ces appellations ? Ok, vite fait alors : c’est bon, c’est pas cher et les gens sont accueillants. Alors qu’est ce que vous attendez? Allez-y !